Requin Chagrin
Marion Brunetto. Balance ascendant Balance. De quoi aimer les contrastes et les (dés)équilibres – en témoigne son nom de scène : Requin Chagrin, inspiré par cet animal marin devenu son totem. De l’eau a coulé sous les ponts depuis son arrivée à Paris, à peine majeure, et son apprentissage d’une dream pop mêlant rock californien, noisy-pop anglaise, héritière outsider des Yé-yé : une musique anglo-saxonne explorée de manière unique en France. En témoigne le premier single, Déjà Vu, dont le clip réalisé par Antoine Carlier reflète l’énergie à la fois synthétique et onirique. Et ce riff de clavier qui emporte tout sur son passage.
Après la révélation du premier album, Requin Chagrin, en 2015, puis la confirmation du second, Sémaphore (2019) Marion Brunetto a été confrontée à la multitude d’options que peut représenter un troisième disque. Plutôt que de choisir dès le début, elle a exploré, des mois et des mois, des sons, des idées, des mots. On retrouve sa mélancolie, ses sensations planantes, mais également l’affirmation de soi, soulignée par des batteries frondeuses. Les textes comme la musique prennent moins de détours. L’ambition artistique ? Partir d’une dream pop pour l’affiner avec les réverbes du rock’n’roll, des échos des eighties, assouvir un besoin de lumière. Et, surtout, s’abandonner à son addiction assumée : le matériel instrumental.
Débuté peu avant le confinement, terminé lors d’un enregistrement aux prestigieux studios bruxellois ICP, à la fin de l’été 2020, BYE BYE BABY témoigne de l’intériorité d’une artiste qui veut s’exprimer sur ce qu’elle est tout en racontant le monde autour d’elle.
Terrier
Quand il est impossible de décrire en deux ou trois mots le style d’un artiste, on a la certitude d’être en présence d’une personnalité hors du commun. C’est bien le cas lorsque les compositions à fleur de peau de David Enfrein alias Terrier, déferlent dans nos oreilles. Sous sa patte unique, rock, chanson, et même rap, sont emportés dans un flot tumultueux de musiques et de mots qui renverse tout sur son passage. Octobre 2019, celui qui a grandi en Vendée, du côté de Landeronde, lâche un premier son “Tourniquet” au sujet d’une fille qui lui a bien pris la tête. On découvre alors la rage sourde, les mots qui frappent, la musique folle mixant énergie rock et beat hip-hop d’un univers vraiment singulier. Maintenant c’est en sept titres sur le bien nommé Naissance que Terrier nous fournit les clés pour tenter de comprendre son monde renversant où affleurent les fêlures, le grand yoyo relationnel des amours et des amitiés et une certaine mélancolie liée à la naïveté de l’enfance. Capable aussi bien de bombarder des punchlines tel un rappeur (“j’rêvais quand j’étais môme, mais j’ai pas grandi”) que de brancher ses morceaux sur du courant cold wave, Terrier s’affirme comme un compositeur renversant et un sacré swingueur de mots.